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  • Photo du rédacteurBenjamin Gievis

L’idéal serait d’avoir un seul ministre pour la totalité des sujets des professions immobilières


ITW d’Emily Jousset, Présidente de l’UNIS (Union des Syndicats de l’Immobilier)

L’UNIS IDF et GRAND PARIS est la première organisation de l’immobilier qui représente tous les métiers du secteur. Vous êtes un interlocuteur important des pouvoirs publics. Pouvez-vous nous décrire le rôle et les fonctions de votre organisation ?

L’UNIS IDF et Grand Paris rassemble 700 professionnels de l’immobilier dans toute la région : Promoteurs-Rénovateurs, Agents immobiliers et commerciaux, experts et gestionnaires locatifs et syndics. Le rôle du syndicat est d’échanger régulièrement avec les hommes et femmes politiques régionaux. Dans un premier temps, il faut d’abord leur faire connaître la réalité du terrain de l’exercice de nos métiers, puis les besoins et attentes de nos adhérents. Il s’agit de fluidifier le service rendu à nos clients et de faire des propositions, puisque les gouvernements successifs légifèrent régulièrement. Il est donc important d’être en contact régulier avec eux. Cette année, par exemple, la situation sanitaire et le confinement ont montré la nécessité de nos organisations syndicales pour la continuité de l’activité : les assemblées de copropriétaires en visioconférence avec le vote par correspondance, le report des dates des contrats, la rédaction du guide de préconisation pour la reprise. Plus récemment, nous avons œuvré avec succès pour que les visites puissent se faire lors du deuxième confinement. Vous avez initié les « universités de la copropriété » qui rassemblent 32000 participants dans plus de 30 villes de France. Quels sont les enjeux de ces universités ? Quelles sont les thématiques abordées ? Notre rôle est aussi de former et d’informer : nos adhérents, bien sûr, mais aussi toute la communauté immobilière. Ces Universités ont été créées dans ce but. L’UNIS IDF a rajouté la journée du FORUM qui a lieu chaque année en mars au CESE. Je disais précédemment que nous sommes dans un domaine où il y a au moins deux fois par an un nouveau texte législatif ou un nouveau décret, qui modifient notre façon d’exercer nos métiers, surtout quand les décrets sont pris au fil de l’eau. Il faut donc informer nos clients et former nos collaborateurs à les appliquer. Nos professions sont réglementées : l’application des textes n’est pas une option. Nous abordons donc les réformes de nos métiers avec des formations obligatoires nouvelles (lutte contre la discrimination, déontologie…) comme les réformes plus précises, dont la loi ELAN qui a beaucoup impacté la gestion des copropriétés. La rénovation énergétique est une priorité du gouvernement. Avant le plan France Relance, la rénovation énergétique était-elle d’actualité dans les copropriétés ? Comment convaincre les propriétaires de s’engager dans la rénovation énergétique ? La rénovation énergétique des immeubles que nous gérons est l’enjeu majeur de ces dernières années, nous avons commencé par les diagnostics de performance énergétiques, tant des appartements loués que des immeubles. Aujourd’hui, les travaux à faire sont bien identifiés, mais leur coût décourage souvent ceux qui souhaiteraient les entreprendre. Nous avions demandé avant la crise que le compte travaux des copropriétés soit alimenté obligatoirement de 10%, mais le ministre de l’époque l’a refusé : on voit bien avec ce plan de relance que ce sujet est décisif pour mieux vivre et supprimer les passoires énergétiques. Les copropriétaires sont convaincus du bien-fondé de ces travaux. Cependant, le point de blocage est le financement. Les aides prévues restent insuffisantes : notre profession s’engage sur 50 000 immeubles qui seront concernés : c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Il faudrait que tous les travaux d’amélioration soient déductibles des impôts ! Pas seulement les travaux d’économie d’énergie et pas seulement pour les bailleurs… Avec la crise sanitaire que nous traversons, quelles sont les principales demandes de vos adhérents, secteur par secteur ? Plus généralement, qu’attendent vos adhérents du plan de relance ? Les promoteurs rénovateurs ont été bloqués par la fermeture des services municipaux, puis comme chaque année d’élection, ils sont ralentis par le faible nombre de PC délivrés : dans notre région tendue, cela est un mauvais signe ! Aujourd’hui, ils ont besoin d’être inclus dans les primes Rénov du plan de relance, ce qui n’est toujours pas le cas. Depuis mi-décembre, les agents peuvent refaire des visites, donc l’activité a repris. Mais comme pour beaucoup d’indépendants, leur avenir est incertain ; un 3ème confinement peut être fatal à ces petites structures. Pour les gestionnaires, nous dépendons du tissu économique : nos clients peuvent être restaurateurs, dans l’évènementiel ou la culture : s’ils souffrent, nous souffrons aussi ! Aujourd’hui, nous espérons tous le vaccin et le retour de notre liberté. Votre secteur d’activités est si large qu’il touche de nombreux ministères. Votre interlocuteur ne peut pas être que le seul Ministre du logement ? Comment vivez-vous cette situation depuis un an ? Effectivement, nous dépendons de trois Ministères : la Chancellerie pour la règlementation de nos professions. Les CCI nous délivrent nos cartes professionnelles sur justificatifs. C’est Bercy qui s’occupe de légiférer sur la fiscalité immobilière : la loi change chaque année. Et le ministère du logement, dans sa direction pour le logement privé. Cette division n’a jamais été simple et la crise a accentué les difficiles arbitrages entre les trois. Néanmoins, le dialogue est plus présent que jamais du fait de la crise. Évidemment, l’idéal serait d’avoir un seul ministre pour la totalité des sujets de toutes les professions immobilières : de la construction à la gestion… On a le droit de rêver ! Vous êtes présidente de l’Unis en Ile de France. Quel est état des lieux du logement dans cette région ? Où va le marché de l’immobilier en 2021 et comment peut-on pallier la pénurie de logements sociaux ?

En IDF, on manque toujours de logements : moins de 400 construits à Paris, l’année avant la crise, face à 30 000 demandes de logements sociaux dans le 15ème arrondissement : une goutte d’eau dans l’océan ! Bien malin qui peut prévoir l’avenir du marché francilien ! Aujourd’hui les prix restent élevés et en hausse, mais le volume baisse, donc le marché peut se retourner. En conséquence, les investisseurs sont attentistes. L’évolution de la crise sanitaire influera donc sur l’évolution de ce marché. La durée de mise en vente augmente : les acheteurs ont plus de choix et donc le temps de se positionner, mais seuls ceux qui n’ont pas le choix vendent ou achètent.

Dans un marché tendu, la seule solution est d’augmenter le nombre de logements disponibles. La mairie de Paris a joué contre cela en encadrant les loyers : résultat, les petites surfaces les plus pénalisées sont parties chez Airbnb. Nous verrons si ces logements reviennent faute de touristes. Notre crainte, c’est que les boutiques vides soient transformées en Airbnb, puisque cela est permis… La mairie essaie d’inciter la surélévation des dents creuses, mais cela ne permettra jamais d’atteindre le volume de logements nécessaires et la procédure est longue et semée d’embûches en copropriété ! Les maires ont donc le pouvoir de permettre les constructions : on voit bien qu’on construit davantage en grande couronne du fait du foncier disponible, ce qui entraîne le départ des habitants de Paris vers ces banlieues, voire en province pour certains.

L’Unis est engagée depuis plus de 10 ans auprès du Défenseur des droits pour lutter contre les pratiques discriminatoires dans l’accès au logement. Quelle initiative avez-vous prise auprès des pouvoirs publics afin de lutter contre cette discrimination ?

L’UNIS IDF travaille avec le Défenseur des droits et a participé à la rédaction de son livre blanc. Nous diffusons à nos adhérents leurs obligations dans nos contrats, mais aussi des affichages pour sensibiliser nos collaborateurs et clients. Nous avions reçu Jacques Toubon, lors de l’un de nos Forum. Nous avons œuvré et réussi à inclure une heure sur ce sujet dans nos formations obligatoires: nous avons donc formé nos adhérents au dernier Forum, afin de prendre conscience des clichés que chacun de nous peut avoir, et donc lutter contre nos propres stéréotypes.

Nous affichons donc dans nos agences et cabinets notre refus de toute discrimination. Bien sûr, tout n’est pas parfait, mais nous y travaillons régulièrement, car les enquêtes menées montrent que la discrimination baisse après chaque campagne de sensibilisation.

La Covid-19 a-t-elle bouleversé votre conception de l’immobilier ? Quels sont les intangibles et qu’est-ce qui sera amené à disparaître ou à évoluer drastiquement ?

L’impact de cette crise a déjà un impact visible immédiat : la digitalisation forcée de nos métiers lors du premier confinement et le besoin de nos clients confinés nous a permis d’offrir le même service à distance. Les assemblées en visioconférence continuent. Les visites filmées sont devenues systématiques. Même si beaucoup d’entre nous regrettent le manque de convivialité de ces modes de communication, il est certain qu’il en restera quelque chose ; ce sera sûrement un mix de digital et de physique, mais personne ne reviendra en arrière.

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