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Instaurer une nouvelle culture sur les chantiers


Jacques Chanut, Président de la Fédération française du bâtiment

Le secteur du bâtiment a subi de plein fouet l’impact du confinement et de la crise sanitaire du coronavirus. Le premier Ministre a présenté le 28 avril dernier, devant l’Assemblée nationale, le plan national de déconfinement. Un projet de loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire a été présenté en conseil des Ministres. Cette communication gouvernementale peut-elle accélérer la reprise progressive des chantiers ?

Il est nécessaire que l’activité économique reprenne dans l’Hexagone. Dès le 17 mars, plus de 90% entreprises de bâtiment ont été contraintes de fermer les chantiers. Début avril, l’OPPBTP, l’organisme de prévention du BTP, a mis à disposition des artisans et des entrepreneurs un guide des préconisations sanitaires à mettre en place pour la protection de tous sur le terrain. L’activité repart doucement, même si c’est compliqué encore sur les chantiers des particuliers. Environ 90% des entreprises auront repris d’ici à la fin du mois avec un taux de 60 à 70% d’activité. Après les échanges houleux entre les fédérations patronales et syndicales et le ministère du travail fin mars, un guide de préconisations de sécurité sanitaire publié le 6 avril par l’organisme professionnel de prévention du BTP a été adopté. Ce guide est-il suffisant pour rassurer les entreprises et les salariés et envisager une reprise significative des chantiers ?

Les organisations professionnelles du BTP se sont mobilisées dès le début de la crise sanitaire pour créer les modalités d’une reprise progressive des chantiers dans des conditions sanitaires qui protègent les employeurs et les salariés. Ce guide n’est pas magique. Mais c’est une base solide pour instaurer une nouvelle culture sur les chantiers, tout comme il nous a fallu imposer le casque en son temps. La logistique nécessaire à la reprise des chantiers entraîne un surcoût important – jusqu’à 10%. Est-ce que vous demandez en contrepartie à vos clients et à l’État de prendre sa part du surcoût financier, en compensant par exemple des allégements de charges ?

Le sujet des surcoûts n’est effectivement absolument pas réglé et nous travaillons sur ce point. Des maîtres d’ouvrage publics ou privés essaient de jouer la montre. Si ça continue, des entreprises du secteur, qui portent seules ce surcoût de 10 à 20%, vont s’arrêter, car elles perdront davantage à travailler que l’inverse. Sur les marchés publics, un coefficient de majoration des coûts pourrait être mis en place. Pour les marchés privés, nous demandons aussi une compensation de l’État, comme l’abandon de charges sur une période donnée. On dit que le « monde d’après » sera différent. Guy Sidos, le Président du groupe Vicat, nous déclarait récemment dans une interview à ConfiNews que « la relocalisation est bonne pour la santé, l’environnement, l’économie, le social et la solidarité. Elle est indispensable pour développer la capacité de résilience d’un pays ou d’un territoire ». Partagez-vous son constat ? Oui ! Ce qui arrive actuellement à l’ensemble de la planète est une catastrophe digne d’un film de science-fiction. Tout doucement, nous allons nous relever de ce chaos. Il restera des traces, mais pour le secteur de la construction notamment, cette crise sera certainement l’opportunité d’accélérer le développement de certaines tendances ou processus. Je sais que vous discutez beaucoup avec les collectivités locales, les bailleurs sociaux ou encore les promoteurs sur un plan de relance du bâtiment. Où en êtes-vous sur ce sujet à la veille du déconfinement ? Certains parlementaires ont évoqué récemment le « patriotisme touristique ». Pourrait–on également prononcer les mots de « patriotisme de la construction et du bâtiment » ?

La sortie de crise sera collective ou ne sera pas ! C’est bien dans ces moments que les valeurs de solidarité et de mutualisation prennent tout leur sens. C’est le moment de prouver que ce ne sont pas que des mots…

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