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Il est possible de faire advenir le temps des territoires


Une tribune de Christophe Borgel, Consultant

Une crise est une rupture dans le fonctionnement normal d’une organisation ou de la société, résultant d’un événement brutal et soudain, qui porte une menace grave sur leur stabilité, voire sur leur existence-même. En raison de son caractère brutal et soudain, l’élément déclencheur appelle une réaction urgente. Cette définition de la crise qui me semble bien s’appliquer à ce que nous vivons, on la trouve sur le site gouvernement.fr. Bien sûr, il faut avoir le regard prudent en pleine crise sanitaire, mais il me semble que la place prise par les différents acteurs publics dans la gestion de cette crise permet d’ouvrir quelques réflexions. Les critiques ne manquent pas sur l’action de l’État, tant dans les propos des acteurs politiques que médiatiques. Elles sont parfois justifiées, mais l’enjeu ici est d’en tirer des leçons. Je ne prendrai qu’un seul exemple : le temps mis à répondre positivement aux départements, qui proposaient que leurs laboratoires vétérinaires soient mis à contribution pour faire des tests. On y trouve tout. Le sentiment que l’enfermement dans les procédures ralentit là où il faut de l’agilité pour aller vite (c’est la santé animale, ce n’est pas pareil). Le sentiment que la méfiance à l’égard des initiatives locales est le premier réflexe. Le sentiment que la concurrence entre les administrations reste forte. Et à l’arrivée, il se passe presque 15 jours entre la démarche du premier département et la réponse positive de l’Etat.

Dans cette crise, les collectivités locales ont montré qu’elles pouvaient être au rendez-vous. Assumant leur rôle et souvent bien au-delà. Elles ont été à l’initiative pour l’aide aux soignants en ville et dans les établissements médico-sociaux, pour l’aide aux populations les plus fragiles, pour la mise en mouvement des acteurs économiques industriels. On a vu aussi dans certains cas, des élus prendre des décisions ne relevant pas de leur compétence, par exemple, en autorisant l’ouverture d’espace pour l’accueil de « patients COVID », afin qu’ils ne soient pas dans les salles d’attente des médecins généralistes. On a pu ici et là entendre des critiques sur cette mobilisation des élus sur fond de motivation électorale, chacun sait que cela peut exister, mais cela me semble secondaire au regard de l’accélération de l’action publique que produit souvent cette mobilisation des acteurs locaux.

Cette crise doit nous amener à penser une nouvelle efficacité de l’action publique, et pas simplement pour faire face à d’autres crises. Cela doit se faire autour d’un triptyque : – Une échelle territoriale qui doit devenir le cadre privilégié de l’action publique, – un État stratège qui fait confiance au terrain, – une logique partenariale, qui devient la règle de cette action publique. Une échelle territoriale renforcée sans doute avec une nouvelle étape de la décentralisation. Ne nous y trompons pas, les élus locaux ont pris une place dans la gestion de cette crise qu’ils ne rendront pas comme cela.

Un Etat stratège qui fait confiance au terrain. La formidable capacité de l’hôpital à se transformer en quelques jours et à s’adapter depuis le début de cette crise montre le chemin que pourrait emprunter même hors temps de crise un État stratège qui fait confiance à ses acteurs de terrain.

Une logique partenariale incluant les acteurs privés. Cette crise nous rappelle ardemment l’indispensable prise en compte d’un intérêt général. Être capable à chaque instant de penser le partenariat nécessaire pour le faire vivre dans les territoires est indispensable. Dès les prochaines étapes, celle du déconfinement, puis celle de la relance, il est possible de faire advenir le temps des territoires.

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