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Devenir notre meilleure lobbyiste


Tribune Ann-Katrin Bureau Jégo, Présidente du Club des 52%

Au départ on a grandi avec des idées simples, incarnées par Simone de Beauvoir et Simone Veil, on allait pouvoir faire les études qu’on voulait, être indépendante financièrement et la pilule prescrite par le planning familial garantissait notre liberté de choix. Tout n’était pas parfait, certes, mais on pensait sincèrement que depuis les années 70’ les droits des femmes progressaient et que nous avions de la chance d’être nées à ce moment de l’histoire.

Alors pourquoi tout cela a vrillé ? Pourquoi cet incessant retour en arrière ? Pourquoi est-ce si difficile de faire cesser la domination ? Sûrement insouciantes, naïves peut-être, nous sommes trop nombreuses à n’avoir pas su veiller sur nos droits si âprement acquis, à ne pas avoir saisi leurs fragilités. On a laissé dire, on a laissé faire, tellement habituées, parfois flattées, souvent lâches. Petit à petit, ou peut-être parce qu’elles le sont depuis toujours, les femmes se sont divisées, faisant par là le jeu de ceux qui ne veulent surtout pas que cette liberté nouvelle prospère.

D’un côté, celles qui la main sur le cœur jurent « ne pas être féministes » comme si le mot les brûlait, biberonnées aux injonctions paternalistes, elles ont intégré la dialectique dominante, les hommes et les femmes sont différents, les femmes font les enfants, donc c’est normal que leur vie soit différente, oubliant un peu rapidement l’enjeu de la bataille, celle de l’égalité des droits.

De l’autre, celles qui, la rage au ventre, maltraitées par la vie, n’ont eu de cesse de crier à l’injustice, organisées, militantes, elles ont agrégé tant de revendications qu’elles ont davantage divisé que rassemblé, symbolisant aujourd’hui plus le droit à la différence que la conquête de l’égalité des droits.

Aujourd’hui, se revendiquer « féministe » appelle d’emblée une suite, un « mais », une explication. Féministe oui, mais quelle sorte de féministe ? Celui « des féministes », c’est-à-dire celui des radicales, qui fascinent et qui repoussent à la fois, mais qui est surtout le signe d’une nécessité absolue que plus rien ne peut arrêter.

Ce « Vous les féministes » adressé d’un coup de menton, annonce une forme de reproche, de point final caricatural, une manière édulcorée de désigner « les excitées ». Excitées par la perspective d’une véritable égalité des droits entre les femmes et les hommes, OUI, excitées par un sentiment d’urgence face à la perspective d’un retour en arrière, d’une remise en question permanente.

Alors si le temps était venu d’une nouvelle solidarité, d’une solidarité de sexe menée par les femmes, par toutes les femmes, plus forte que la solidarité de classe, qui transcende le cadre social. L’une protège l’autre et ce faisant veille sur ses propres droits. C’est un intérêt commun qui nous unit alors faisons notre lobbying ! Unissons nos voix, aussi différentes soient-elles pour porter haut les 52% !

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