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Pourquoi « essentiel » n’est pas synonyme « de première nécessité »


Par Véronique Anger-de Friberg. Fondatrice et présidente du Forum Changer d’Ère

La 9ème édition du Forum Changer d’Ère se déroulera les mardi 14 et mercredi 15 septembre 2021 sur le thème : « Le XXI° siècle appartient aux êtres hybrides ! ». Rendez-vous majeur de la prospective sociétale, notre forum entend bien continuer à remplir sa mission essentielle : alerter sur l’accélération des savoirs, des sciences, des ruptures économiques, environnementales et sociétales.

En ces temps où le réflexe consiste trop souvent à penser exclusivement « business », nous plaidons pour tous ceux qui ne génèrent pas de business immédiat. À tous ceux qui ne travaillent pas dans le secteur de la santé. « Non essentiel » incarne l’exemple du malencontreux élément de langage qui a fait glisser une majorité de services et d’actifs dans la catégorie « superfétatoire »…

En se répandant dans le langage courant l’expression entretient l’idée fausse selon laquelle « essentiel » serait synonyme de « première nécessité ». Or, s’il est légitime de considérer qu’assurer la survie de l’entreprise pour payer les salariés est « de 1ère nécessité », la mobilisation des collaborateurs, l’engagement sociétal au nom de la responsabilité morale de l’entreprise, la prise de recul, la prospective, l’éthique et la défense des valeurs humanistes issues des Lumières et d’une certaine idée du monde (universaliste, fraternel, solidaire, démocratique…) ne sont pas pour autant moins essentiels.

L’expérience montre en effet, qu’en pleine tourmente, tout ce qui sert à fédérer les équipes, à renforcer l’image de marque, à penser le futur, à dégager une vision pour l’entreprise, à défendre les libertés individuelles, à s’engager pour un monde plus respirable dans tous les sens du terme, sont aussi essentiels que manger ou boire. Le négliger – pour la société comme pour les entreprises – revient à laisser place au chaos et à la loi du plus fort à plus ou moins long terme. C’est justement quand la vie est menacée qu’il faut s’accorder le temps de s’interroger sur l’évolution et la complexité du monde.

Dans le contexte de la révolution numérique, un « nouveau monde » est en train d’émerger. Et il se construit en marge d’élites coupées des réalités. En marge d’États de moins en moins puissants. En marge d’entreprises et d’industries dont les anciens modèles sont disruptés par de nouveaux acteurs, que personne (ou presque) n’avait vu venir. Oui, pendant que l’ancien monde se concentre sur sa survie à court terme en tentant désespérément de préserver son business, les géants du numérique (le « nouveau monde ») se servent du business pour inventer une nouvelle économie, une nouvelle culture, de nouvelles valeurs, de nouvelles règles du jeu, un nouveau système de répartition des richesses, de nouvelles élites et le nouveau système de gouvernance qui en découle et fédère tous ceux, dont les activités quotidiennes en dépendent, au-delà des frontières.

Puisque de frontières, ces Etats hors des États n’en ont pas et n’en ont cure. En d’autres termes, à l’heure du triomphe de la numérisation – ère de l’hybridation par définition – les nouveaux maîtres du monde entendent bien imposer leur nouvelle conception du monde… au monde entier. Et pour parvenir à leurs fins, ces joueurs du nouveau monde qui décident de plus en plus des règles du jeu, n’hésitent plus – au nom du bien – à déclarer la (cyber)guerre à leurs concurrents, voire à des États… Dès 2014, nous annoncions ce changement de paradigme à venir : le transfert de pouvoir De l’Etat-nation à l’entreprise-Etat. Une réalité aujourd’hui, comme en atteste l’actualité de ce début d’année : le bannissement à vie de Twitter de l’ancien président des USA Donald Trump ou le rapport de force opposant Google au gouvernement australien.

Pour les décideurs et les élites (politiques, économiques, médias…) ne pas prendre la mesure de ce qui se joue – ou ne pas chercher à s’en prémunir (ce qui revient au même) – risque d’entraîner le monde dans une nouvelle « querelle » des Anciens et des Modernes, avec une lutte à mort pour le pouvoir. Pour toutes ces raisons, se désengager de la réflexion fondamentale qu’est la prospective sociétale ne peut être un choix rationnel pour les grands comptes du privé comme du public se revendiquant « entreprises citoyennes ». C’est ce qu’ont bien compris les soutiens du Forum Changer d’Ère, qui se veulent moteurs de changement positif.

L’édition#9 des 14 et 15 septembre 2021 aura pour thème : « Le XXI° siècle appartient aux êtres hybrides ! ». Pourquoi l’« hybride » ? Parce qu’il n’entre dans aucune case : il pense hors de la boîte… Parce que l’être hybride est un adepte de la complexité et de l’interdisciplinarité : il crée des ponts entre les disciplines, les concepts, les technologies, les matériaux, les services, les produits, les êtres… pour imaginer de nouveaux leviers d’innovations, de nouveaux marchés, de nouvelles perspectives de développement… L’entreprise – grâce à l’IA et à la data – peut elle aussi penser hors de la boîte en semant l’esprit hybride à tous les niveaux (organisation, management, formation professionnelle, recrutement…). Tout comme l’artiste – être créatif par excellence – aborde le monde sous des perspectives différentes, elle peut mettre en récit de nouvelles formes de représentations du monde en imaginant de nouvelles convergences et de nouvelles perspectives, ce dont nous avons tant besoin !

À propos du Forum Changer d’Ère :

Placé depuis 2018 sous le haut patronage de Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République, Forum Changer d’Ère a été créé en 2013 à la Cité des sciences & de l’industrie par Véronique Anger-de Friberg (Les Di@logues Stratégiques/Du lien et du sens) avec le soutien amical du scientifique Joël de Rosnay. Rendez-vous majeur de la prospective sociétale, « hybride » (en public & en direct sur internet) depuis 2013, FCE fait référence au livre Changer d’ère (Seuil, 1989) de Jacques Robin (1919-2007), fondateur du Groupe des Dix réunissant des pionniers de la systémique en France.

FCE alerte sur l’accélération des savoirs, des sciences, des ruptures économiques, environnementales et sociétales, aide à mieux comprendre et à s’adapter à leurs impacts. Porteur de valeurs d’ouverture et de solidarité, FCE travaille aussi à bâtir un nouveau récit qui rassemble, redonne du sens à l’humain -et le sens du commun et de la chose publique- dans la société et dans les entreprises.

À partir de 2020, Forum Changer d’Ère se déroule également au centre de création numérique Le Cube (Issy-Les-Moulineaux). Plus d’infos : À propos – La page écosystème de l’édition#8 du 2 décembre 2020 &, l’Echo digital de l’édition 2020 1- Halpern Gabrielle, « Tous centaures ! Eloge de l’hybridation », Le Pommier, 2020 2- Halpern Gabrielle, « Tous centaures ! Eloge de l’hybridation », Le Pommier, 2020 3 – Halpern Gabrielle, Penser l’Hybride, Thèse de doctorat en philosophie, 2019 ; http://www.theses.fr/2019LYSEN004

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