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Il est temps qu’il nous soit donné la possibilité d’agir à la bonne échelle, celle des territoires


Interview de Carole Delga, présidente de la région Occitanie


1) Afin de protéger l’ensemble des secteurs touchés par le Covid-19, la région Occitanie a voté un plan d’urgence sanitaire économique et solidaire, comprenant 22 mesures et doté de 250 millions d’euros. Pouvez-vous nous décrire plus précisément les mesures que vous avez prises ?


Ce plan a un double objectif : protéger et préparer l’avenir. Il répond aux premiers besoins de l’ensemble de la population de notre région. Parmi ces mesures, notre première priorité est la santé, avec l’achat massif de masques – 10 millions commandés avec une première livraison il y a 15 jours -, en nous mobilisant aussi pour faciliter la mobilité des professionnels de la santé et plus globalement, en proposant la gratuité des transports à celles et ceux qui se trouvent dans l’obligation de se déplacer.


Côté éducation, nous donnons à nos jeunes les moyens d’étudier avec la distribution d’ordinateurs gratuits et maintenons un haut niveau de formation avec une offre adaptée, notamment pour les salariés des entreprises et les demandeurs d’emploi.

Et puis, il y a bien sûr, nos entreprises pour lesquelles nous proposons des solutions pour le renforcement de leur trésorerie. Nous avons aussi élargi les aides de l’État, via le fonds de solidarité exceptionnel Occitanie. Ce dispositif unique en France accompagne les indépendants et les entreprises de 0 à 10 salariés ayant connu une baisse de chiffre d’affaires de 40 à 50%.


Ce plan s’appuie sur les nombreuses politiques publiques que nous avons mises en œuvre depuis plus de quatre ans. C’est ce qui nous a permis d’être très réactifs face à l’urgence !

2) Depuis le début de la crise, on a vu beaucoup de collectivités territoriales en première ligne, qui, comme la région Occitanie, ont pris de nombreuses initiatives pour pallier les carences ou les insuffisances de l’État. Cette crise est-elle aussi révélatrice d’un nouveau rapport de force entre État et collectivités ? Devra-t-on penser une nouvelle décentralisation ?


Sur cette question, je reste sur les positions que j’ai toujours défendues. Je crois que ce qui se passe avec le Covid-19 est révélateur de la nécessité d’agir différemment. Il est temps de redonner toute sa place à l’Etat dans ses missions régaliennes et qu’il nous soit donné la possibilité d’agir à la bonne échelle, celle des territoires ! C’est d’ailleurs le sens de la proposition des Régions au Premier Ministre au sujet du fonds de solidarité initié par l’Etat. Nous avons demandé que la gestion de ce fonds soit décentralisée au niveau régional, pour plus de proximité et d’efficacité.

3) Vous avez été pendant de nombreuses années fonctionnaire territoriale. Les Directeurs généraux de services (DGS) et les directeurs de cabinet sont aussi très sollicités et exposés, en première ligne dans cette crise. Quel message souhaitez-vous leur délivrer ?


Un message de courage tout d’abord. Je sais combien l’ensemble des agents des collectivités sont mobilisés, tous les efforts qu’ils déploient pour venir en aide à nos concitoyens. Et puis, je reste fidèle à ce qui me guide depuis toujours. Il n’y a pas de fatalité. Face à l’adversité, il y a toujours de l’espoir. Il y aura un jour d’après, que nous devons préparer tous ensemble, de manière collective. Alors, tenez bon !

4) Vous avez été Secrétaire d’État de l’Artisanat, du Commerce, de la Consommation et de l’Économie Sociale et Solidaire au cours du mandat présidentiel de François Hollande : un secteur touché de plein fouet par la crise. Quelles mesures pourraient être prises au niveau régional pour compléter les aides proposées par le Gouvernement ?


Je connais bien ces secteurs, en effet, notamment la fragilité économique de la plupart de ces entreprises qui comptent bien souvent moins de dix salariés, particulièrement dans l’artisanat. C’est pour cela que j’ai proposé au Premier Ministre que le seuil des entreprises éligibles au fonds de solidarité passe de 70% de perte de chiffre d’affaires à 40%. C’est le sens du fonds de solidarité exceptionnel que nous avons mis en place en Occitanie. C’est la même chose pour le fonds dédiés aux associations. Tous les deux sont complémentaires des aides de l’Etat.

5) Le monde agricole est aussi confronté à de nombreuses difficultés. Vous êtes la première région française en agriculture biologique avec 10000 exploitations. Comment la région peut-elle répondre aux difficultés actuelles du monde agricole et préparer en même temps l’agriculture de demain ?


L’agriculture et l’agro-alimentaire est l’un des piliers économiques de notre région. J’y suis particulièrement attentive. Avant la crise du Covid-19 que nous connaissons aujourd’hui, nous avons par exemple créé les Contrats Agriculture Durable pour accompagner sur la durée les agriculteurs, en fixant un cap avec chacun d’entre eux, pour couvrir les besoins en formations, techniques ou en investissement. Et puis, nous soutenons aussi en proximité les filières agricoles, viticoles et conchylicoles. Tout cela est le fruit du Pacte régional pour une alimentation durable que nous avons mis en place suite à une consultation citoyenne. C’est ce qui nous a permis d’être très réactifs là encore, dans la gestion de la crise, avec par exemple, la création de la plateforme https://solidarite-occitanie-alimentation.fr, qui offre la possibilité à des milliers de producteurs de livrer à domicile des produits frais et locaux. Une manière de défendre le « Produit en Occitanie ».

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